Dolpo - jour 11
6h40 de marche (pause comprise), dénivelé -420/+570, altitude maxi 5220m.
La nuit a été fraîche hier soir nous avons pour la première fois utilisé nos thermolites (drap de duvet chaud) et nous avons passé une bonne nuit, Sonam et moi. À 5h du matin il faisait 1°C dans les tentes. Pour la première fois depuis notre début du trek le temps est couvert, le vent s'est arrêté. Donc aujourd'hui le troisième col du programme, heureusement je vais mieux qu'hier. Nous partons à 7h15, la température est de 4°C, il fait gris et les montagnes environnantes rappellent les paysages d'Islande en moins colorées.
On commence par une petite diagonale montante, bien sympathique pour nous mettre en jambes, je pars une fois de plus trop vite et je m'essouffle rapidement dans cette première montée, aussi on décide que je me mettrai derrière Françoise qui a un pas plus lent , « le pas du yack ». Effectivement, en la suivant, je ne m'essouffle plus, mais au début cette lenteur me gêne, pourtant au final cela sera positif pour moi, car je serai moins fatigué dans les côtes.
Nous aurons 4 diagonales au total avant d'arriver au pied du col, que nous atteindrons en 3h10. Beaucoup donc de descentes et de montées en diagonales durant cette matinée de marche, les paysages sont arides, le temps et toujours couvert et le vent réapparaît.
Juste avant l'arrêt déjeuner
le col Langmuse fait son apparition, la première partie est raide, suit une seconde en diagonale, qui parait moins dure, mais bon on verra quand on y sera.
Durant le déjeuner le soleil fait des apparitions mais le combat avec les nuages est rude. Nous sommes toujours en train de jongler avec les vestes que l'on met parce qu'il fait froid quand le soleil est caché par les nuages et le vent qui souffle, ou que l'on enlève lorsque le soleil n'est pas voilé et que le vent s'est arrêté. Nous sommes à 4860 m et il fait 18°C quand le soleil brille et la température descend vite à 10°C quand les nuages cachent le soleil et que le vent souffle.
À 11h45 nous partons pour l'ascension du col, la première partie est effectivement raide, je me mets dans les pas de Françoise et cela me permet de moins souffrir, j'ai bien dit moins. Donc c'est rude, mais un événement que l'on attendait depuis longtemps va nous apporter une pause salutaire : notre premier troupeau de Yacks apparaît au-dessus de nous, nous stoppons notre marche pour profiter de cette vision un peu magique que de voir ces gros animaux descendre dans un nuage de poussière. De plus dans le troupeau il y en avait portant des charges mais également de petits nouveaux nés. Un moment magique je vous dis.
Le yack est un animal précieux et indispensable : sa résistance lui permet de porter des charges à travers des terrains difficiles, déserts et glacés des hauts plateaux. Sa toison sert pour faire des tentes, des cordes et des étoffes en feutre, son cuir pour fabriquer les bottes, les outres à beurre, son lait pour le beurre, sa chair séchée pour régaler les dolpopa. Une ombre au tableau : ce sont des animaux au caractère extrêmement irascible.
Le moment sera un peu moins magique lors de la reprise de la montée, dans un passage particulièrement raide
où nous poursuivons notre marche, jusqu'à l'endroit où l'on atteint la diagonale moins raide. Après de nombreux efforts et une pause, nous l'atteignons. Bon effectivement, c'est moins raide, mais pas pour autant plus facile, et cette diagonale est plus longue que la partie raide. Enfin le col apparaît, notre pas est lent, très lent mais non sans peine, nous y arrivons, le troisième col est vaincu à 13h15 après 1h30 d'ascension, nous sommes à 5220 m il fait 8°C, et le soleil se bat toujours avec les nuages et le vent.
Le col est typique car il y a un espace plat et circulaire, on voit à 360° à la ronde. Séance photos et nous repartons dans la descente pour atteindre notre campement du soir. Quelques temps après, nous croisons notre deuxième troupeau de yacks qui cette fois montait vers le col. Nous avons attendu longtemps pour voir des yacks, mais là, deux fois dans la même journée et d'aussi près puisque nous nous croisions, c'est un vrai cadeau des dieux.
La descente sera longue pour moi et Françoise, nous arriverons fatigués et à chaque collines on pensait voir le campement qui n'y était pas. Mon mental à cette occasion est passé à l'orange. Sonam et Olivier moins fatigués sont arrivés bien avant nous. Le campement enfin visible où j'y arriverai bien fatigué, se situe au pied du dernier col que nous franchirons demain, nous sommes à 5050 m et à 15h15 il fait 8°C.
La tente est déjà montée, Sonam a vidé nos sacs et sorti le duvet et le drap chaud qui me tendent les bras et je m’y jette pour un repos bien mérité. Encore une dure journée, demain le dernier col, et notre challenge sera remporté, avec facilité pour Sonam, bien préparée et avec grandes difficultés et quelques souffrances pour moi, non préparé.
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